Capsule d’information 03 : l’hypnose est-elle une thérapie complémentaire ? Enregistrée le 11.05.2021. Ci-dessous, le script complet suivi des références.
SCRIPT
Cette capsule d’information a pour but de présenter la place particulière qu’occupe l’hypnose au sein du vaste champ que sont les thérapies complémentaires ou, appellation que je préfère utiliser : «Pratiques Non Conventionnelles», que j’ai développé dans la capsule d’information 01 consacré aux définitions et appellations associées aux thérapies complémentaires.
L’hypnose traîne avec elle une réputation qui n’est pas à envier : manipulation, charlatans, escrocs….
Autrefois marginale avec l’arrivée des anesthésiants, l’hypnose a désormais démontré son efficacité dans la gestion de l’anxiété ou la douleur.
Il faut la distinguer de l’hypnose de spectacle. Lorsqu’on se rend à un spectacle avec un hypnotiseur, il n’y a pas de manipulation contre son gré. Les personnes qui montent sur scène se prêtent volontiers au jeu de l’hypnotiseur et acceptent de bon cœur de faire un peu «n’importe quoi» sur scène, comme il nous arrive de faire parfois le guignol lorsque l’ambiance est bonne et que la situation s’y prête.
On ne perd pas conscience lorsque l’on est sous hypnose. D’ailleurs, l’hypnose est un état de conscience particulier, que l’on vit tous et tous les jours, par exemple conduire une voiture, être distrait, dans les nuages, rêvasser… C’est un état naturel de l’esprit.
Donc il n’y a rien d’extraordinaire dans l’hypnose. Rêvasser est un état de transe légère. C’est être à la fois ici et ailleurs, mécanisme qui permet de prendre de la distance sur la douleur perçue. Il n’y a pas de manipulation ni phénomène paranormal.
Retour à la question: L’hypnose est-elle une thérapie complémentaire ? A mon sens : NON
L’hypnose n’est pas une thérapie complémentaire en soi mais un outil thérapeutique et communicationnel utilisé uniquement dans le cadre d’une profession de santé.
On ne fait pas de thérapie avec de l’hypnose. On est d’abord professionnel de santé et on ajoute l’outil hypnose pour effectuer un soin.
Exemples :
- Le médecin dentiste pour réduire l’utilisation d’anesthésiants.
- La professions de soins infirmiers dans le cadre d’un soins. Par exemple changer un pansement chez les grands brûlés, soin très douloureux. L’usage de l’hypnose permet de réduire la perception de la douleur.
Quelques recommandations en cas de recours à l’hypnose :
La pratique de l’hypnose n’est pas réglementée, de même que les appellations telles que hypnothérapeute, hypnopraticien ou praticien en hypnose. Il est important de contrôler si une personne qui utilise l’hypnose possède une formation en santé en amont.
Une extrême vigilance est à adopter pour des indications telles que retrouver des souvenirs sous hypnose (Attention au problème des faux souvenirs), des régressions vers des vies antérieures (Rien ne permet de conclure que le phénomène de réincarnation est une réalité) ou encore pour maigrir (on peut être dans la profession de diététique et proposer l’hypnose pour aider le patient à gérer son alimentation mais on ne fait pas de l’hypnose seule pour maigrir).
Aucune efficacité à long terme de l’hypnose n’a pu être démontrée pour l’arrêt du tabac.
Donc on fait faire à l’hypnose tout et n’importe quoi et à mon sens, beaucoup de pratiques psycho-corporelles sont des dérivés de l’hypnose (méditation, sophrologie, Mindfulness…), en tout cas mettent en avant l’une des nombreuses possibilités d’induction en transe.
En réalité si on se penche sur ce qu’est la Mindfulness, on constate qu’il y a une grande similitude avec ce que fait l’hypnose. On créé un nouveau terme pour des raisons marketing car l’hypnose n’est pas un terme très sexy.
On connaît la Mindfulness based on Stress Reduction (MBSR), la Mindfulness based on Cognitive Therapy (MBCT), il y a maintenant la MBCL, pour Mindfulness based on Compassionate Living… C’est magnifique mais c’est du vieux parfum dans un flacon tout neuf.
Il y a une dérive marketing avec ces approches et il existe maintenant le terme de «Mc Mindfulness» pour mettre en évidence ces dérives.
Étonnant que James Braid, le créateur du terme «Hypnose», n’ait pas déposé son terme sous copyright. Il aurait pu se faire beaucoup d’argent. D’autres l’ont fait à sa place. On prend une des nombreuses inductions en transe et on en fait une nouvelle approche.
Il est recommandé d’avoir recours à un professionnel de santé (médecin, psychiatre, psychothérapeute, soins infirmiers) pour tout suivi utilisant l’hypnose.
C’est une recommandation car il est possible de trouver une personne sans formation de santé être un bon hypnotiseur. Certains professionnels de santé ayant une formation en hypnose s’en tiennent à une démarche très (trop) protocolée, qui peut être rebutante. Parfois, de la spontanéité peut se révéler être une bonne induction en transe.
La recommandation va dans le sens où le professionnel de santé est en mesure de reconnaître les contre-indications à l’hypnose : personnalité psychotique, usage de psychotropes par exemple. Je vois trop souvent de publicités pour faire de l’hypnose pour tout le monde : jeunes, adultes, violence, stress, dépression etc. L’hypnose est présentée comme étant capable de résoudre tous les problèmes. Il s’agit de prendre toutefois des précautions, son usage n’est pas sans risques.
Pour terminer, un petit exemple personnel de séance d’hypnose que j’ai eue, effectuée par un médecin qui ne devait pas du tout avoir de formation en hypnose :
Il y a une dizaine d’années, j’ai eu un panaris et me suis rendu en urgence dans le cabinet médical de garde. Pendant toute la consultation qui n’a duré que 15 minutes, le médecin, qui avait déjà un certain âge, m’a inondé d’informations de toutes sortes. Nous avons discuté de choses et d’autres, de mon travail, de ce que voulais faire, des formations à venir etc., tout cela pendant qu’il faisait son soin et notamment la piqûre d’anesthésie qu’il doit effectuer entre les phalanges, chose qu’il ne m’a pas précisé et tant mieux car sinon j’aurais été un peu angoissé. Puis vint l’incision, le pansement et c’était terminé !
Il s’est comporté un peu comme avec les enfants avec qui on parle de choses et d’autres pendant la réalisation d’un soin douloureux. Il devait avoir de l’expérience avec les enfants, alors que j’avais 30 ans. Ce n’est qu’en sortant de la consultation que j’ai réalisé qu’il m’avait fait une formidable séance d’hypnose avec un procédé bien connu d’induction en transe : la saturation. Mais cela, je doute qu’il en était conscient.
Toutes ces informations, et bien d’autres, se retrouvent plus détaillées dans les webinaires disponibles sur la plateforme Psybay, reconnus comme formation continue par les principales professions de santé en Suisse. Ils sont enregistrés, disponibles en tout temps. Vous pouvez vous inscrire en tout temps et les suivre à votre rythme. Aller vers la liste des formations continues
RÉFÉRENCES
Berger, M. M., Davadant M. et al Impact of a pain protocol including hypnosis in major burns
Burns, 2010 Aug;36(5):639-46. doi: 10.1016/j.burns.2009.08.009.
Descriptif :
Étude réalisée auprès de patients grands brûlés au Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV- Suisse) montrant que l’apport de l’hypnose permet d’une part de réduire la perception de la douleur dans le cadre de soins et d’autre part de réduire les coûts de soins par la diminution de consommation d’opioïdes.
Radio Télévision Suisse (RTS) Émission Specimen
04.05.2016
Descriptif :
Comment construire des faux souvenirs ? L’émission Specimen présente des expériences démontrant comment il est possible de créer des faux souvenirs. Le phénomène est appelé «Inflation de l’imagination»
Barnes J, McRobbie H, Dong CY, Walker N, Hartmann‐Boyce J. Hypnotherapy for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2019, Issue 6.
Descriptif :
Revue de littérature des études portant sur l’efficacité de l’hypnose pour l’arrêt du tabac. 14 études ont été évaluées pour un total de 1926 patients. Les résultats globaux indiquent qu’il n’y a pas d’efficacité à long terme (au delà de 6 mois) de l’hypnose pour l’arrêt du tabac.