Représentation des
thérapies complémentaires en Suisse
publication le 8 avril 2025

Introduction
Un article sur la représentation des thérapies complémentaires en Suisse est paru en 2020 dans le European Journal of Integrative Medicine. Il s'agit d'une enquête visant à établir une cartographie des thérapeutes, des thérapies, des types de troubles traités, de leur satisfaction au travail et de leurs relations avec le corps médical.
Contexte
NOTE : Si vous ne connaissez rien au cadre légal des thérapies complémentaires en Suisse, je vous invite à lire ou écouter la capsule d’information que j’ai réalisée à ce sujet.
L'enquête s'est effectuée sur la base d'un questionnaire envoyé aux thérapeutes enregistrés au Registre des Médecines Empiriques (RME), l'un des deux labels suisses (avec l’ASCA) qui transmettent la liste des thérapeutes aux assureurs maladies pour être remboursés. Le RME est le label regroupant principalement des thérapeutes germanophones. L'étude a été financée par l'assureur maladie SWICA.
On dénombre quelque 27'000 thérapeutes enregistrés en Suisse avec plus de 200 approches thérapeutiques différentes. SWICA reconnaît une vingtaine d’entre elles.
Au niveau européen, c'est l'acupuncture qui est la plus représentée. Viennent ensuite l'homéopathie, la naturopathie, puis les thérapies manuelles dont l'ostéopathie et enfin la médecine anthroposophique.
Résultats
Les thérapeutes inscrits depuis au moins 12 mois au RME ont été sollicités. La condition est d'effectuer plus de dix heures de soins par semaine. Sur les 17647 questionnaires envoyés aux thérapeutes, 3638 retours (3198 alémaniques, 352 francophones et 88 italophones) ont été analysés (22%). Voici donc les résultats principaux :
Le profil type du thérapeute est d’âge moyen de 51 ans, indépendants, majoritairement des femmes (plus en suisse alémanique qu'en suisse romande), travaillant depuis 14 ans et en moyenne 25 heures par semaine. En ce qui concerne la satisfaction : bonne satisfaction générale du travail mais faible satisfaction pour la collaboration interprofessionnelle.
Les traitements les plus fournis du côté suisse alémanique sont : les massages en premier, suivis par les thérapies crânio-sacrales, la médecine traditionnelle chinoise puis l'acupressure puis la phytothérapie et enfin la polarité.
En revanche pour la suisse romande, c'est l'ostéopathie. Les motifs de consultations principaux sont : les migraines, puis douleurs dorsales, puis stress mais aussi des troubles mentaux.
En ce qui concerne la collaboration interprofessionnelle : la moyenne est de 5/10, ce qui pourrait être interprété par "cet item ne me concerne pas".
Conclusion
Cette petite étude descriptive n'est au final pas très représentative de la situation des thérapies complémentaires en Suisse car seuls les thérapeutes inscrits au RME ont été sollicités, alors qu'un nombre important sont inscrits à l'ASCA, autre label de qualité du côté suisse romand. Et c'est sans compter les thérapeutes inscrits nulle part et dont les modalités de pratique restent relativement inconnues.
Enfin, la faible collaboration interprofessionnelle constitue un problème important de l'offre des thérapies complémentaires. En effet, l'étude montre que la plupart des thérapeutes sont indépendants, ce qui signifie en quelque sorte que leur pratique s'effectue en "vase-clos" : les thérapeutes entretiennent peu de contacts avec les professions de santé classiques ce qui renforce leur marginalisation et les clivages entre les disciplines.
Référence
Witt, C. M. et al. What is offered and treated by non-medical complementary therapists in Switzerland: Results from a national web survey, European Journal of Integrative Medicine, Volume 36, 2020, 101109. https://doi.org/10.1016/j.eujim.2020.101109.