Cadre légal des
thérapies complémentaires
en Suisse

Publication le 8 Juillet 2025

Introduction

Cette capsule d’information a pour but de présenter le cadre légal qui régit les thérapies complémentaires en Suisse. 

Considéré comme novateur, je vous avoue d’entrée de jeu que je ne suis pas très convaincu du bien-fondé de ce nouveau cadre légal. Il donne plutôt l’impression de faire “un peu plus de la même chose” de ce qui existait jusqu’à présent.

Mais comme toute chose, il y a des bons côtés et des critiques à formuler et c’est ce que nous allons voir ensemble.

Chiffres clés

Je vous propose d’abord quelques chiffres clés :

Une enquête parue en 2025 indique que ⅔ des suisses ont recours à l’une des thérapie complémentaire existante sur le marché. C’est une enquête mandatée par le Registre des Médecines Empiriques le RME, l’un des label suisse de reconnaissance des thérapeutes. Je reviendrai sur ce label.

Autre chiffre : 34% en parlent à leur médecin, selon une étude mandaté par l’ASCA, l’autre principal label suisse de reconnaissance. J’y reviendrai aussi.

Une enquête menée par le Centre de Médecine Intégrative et Complémentaire du CHUV et présentée en 2017 a relevé que 63% des professionnels de santé rapportent ne pas avoir assez de connaissances sur ces approches. De mon expérience, peu s’intéressent vraiment à l’étude de ces approches. Soit on a un a priori positif et on s’attend à ce qu’on en dise le plus grand bien, soit on a un a-priori négatif et on s’attend à ce qu’on en dise le plus grand mal.

Enfin, une étude de Claudia Witt de 2020 mentionne 27’000 thérapeutes enregistrés en Suisse avec env. 200 approches différentes enregistrées.

Assurance obligatoire des soins

Passons maintenant au cadre légal et à l’exercice de ces approches.

Des diplômes officiels existent, notamment pour les médecins et maintenant pour les autres professionnels de santé. Notez tout d’abord que l’existence d’un diplôme officiel n’implique pas la validation scientifique de l’efficacité des thérapies complémentaires. Et c’est souvent une source de malentendus : ce n’est pas parce que c’est officiel et populaire que c’est efficace. J’y reviendrai.

Commençons avec la reconnaissance par l’assurance maladie obligatoire en Suisse. elles est régie par la Loi sur l’assurance Maladie, la LAMal. Elle couvre principalement les coûts des médecins, analyses, médicaments, hospitalisations. Tout ce qui est médicalement nécessaire.

Historique

Avant de voir la situation actuelle, je vous propose un petit historique des allers-retours qu’ont fait les thérapies complémentaires dans l’assurance de base : 

En 1999 : 5 approches sont incluses dans l’AOS sur décision de la conseillère fédérale socialiste Ruth Dreifuss C'étaient l’homéopathie, la phytothérapie, la thérapie neurale, la médecine anthroposophique et la médecine traditionnelle chinoise 

En 2005 : le conseiller fédéral libéral Pascal Couchepin décide de les retirer du catalogue de l’assurance de base par manque d’efficacité démontrée. 

En 2009, après un référendum et un vote de la population suisse, une nouvelle intégration de ces pratiques a été acceptée à 67%. C’est un taux rarement observé en votation. Ça montre à quel point ces approches sont appréciées en Suisse. Un véritable raz-de-marée ! Et donc cela signifie que depuis 2012, ces approches sont à nouveau remboursées. 

Par contre, un détail a échappé au public : elles étaient acceptées à titre provisoire et faisaient l’objet d’une phase d’évaluation de 5 ans. Au terme de ces 5 ans, une décision définitive devait être rendue, avec comme point tant attendu, cette notion d’efficacité à démontrer. 

Nous arrivons en 2017, le 16 juillet plus précisément. Aah je me souviens de ce jour historique : quelle sera la décision et quelles seront les retombées médiatiques ? Le monde entier avait le regard tourné vers la Suisse ! Hmmouais en fait non pas du tout. C'est passé totalement inaperçu et en dehors du communiqué de presse disponible sur le site de l’OFSP, aucun média n’a relayé cette décision. 

Aux yeux du public, l’histoire était réglée depuis 2012. C'est accepté, c’était remboursé, ça le restera et le débat est clos. 

Je reviens tout de suite sur les critères qui ont permis une acceptation définitive. Mais d’abord, voyons les approches qui ont obtenu leur sésame et les conditions de prise en charge: 

 - Médecine anthroposophique
 - Pharmacothérapie de la médecine traditionnelle chinoise
 - Homéopathie uniciste (classique)
 - Phytothérapie
 - Acupuncture

Pourquoi celles-ci et pas d’autres ? Non, ce n’est pas parce qu’elles sont plus efficaces que d’autres. Elles ont tout simplement déposé un dossier complet et à temps. C’est une question de procédure administrative. 

À noter que pour être pris en charge, il faut que ces approches soient effectuées par des médecins qui doivent justifier d’une attestation de formation complémentaire. 

Je n’ai pas parlé de la situation particulière de la chiropraxie. Elle n’a pas dû passer par cette sortie en 2005 et un retour en 2012 puis la période d’évaluation de 5 ans. Pourquoi ? Eh bien… Je n’en ai aucune idée. Elle est déjà acceptée depuis 1964 selon l’association faîtière Chirosuisse. Elle fait partie des meubles en Suisse.

Critères d'Efficacité-Adéquation-Economicité (EAE)

Revenons sur cette acceptation définitive en 2017. Avec cette reconnaissance, on pourrait croire que l’efficacité de ces approches a enfin été démontrée. 

En effet, pour être intégrées dans la LAMal, toute thérapie ou technologie médicale doit répondre à 3 critères : Efficacité, Adéquation et Économicité. Ce sont les critères EAE. L’efficacité, on connaît et j’y arrive de suite. L’économicité signifie qu’elle ne doit pas être trop coûteuse et l’adéquation signifie qu’elle doit répondre à un besoin spécifique.

Le conseil fédéral est clair à ce sujet : l’efficacité, après ces 5 années de procédures, n’a pas pu être établie. Alors, comment ces approches ont pu être intégrées ? Par le “principe de confiance”, En voici la définition que l’on trouve sur le site de la confédération : 

"Le principe de confiance suppose que les médecins ne fournissent que des prestations qui remplissent les obligations d’efficacité, d’adéquation et d’économicité. Seules certaines prestations controversées seront examinées, tout comme pour les autres disciplines médicales." On trouve aussi cette définition : il s’agit d’une “supposition implicite que les prestations satisfont aux critères requis pour l’obligation de prise en charge” 

Voilà j’espère que c’est clair ? Hmmm je lis dans vos pensées : vous n’avez rien compris, et moi non plus. 

En 2019, j’avais interpellé le média suisse Heidi.news qui avait fait une publication à ce sujet. C’était sympa de leur part. Ils ont sollicité le point de vue juridique, avec Anne-Sylvie Dupont, spécialiste en droit de la santé à l’Université de Neuchâtel et Philippe Eggimann, président de la Société médicale de la Suisse romande (SMSR) : 

Voici la réponse d’Anne-Sylvie Dupont : “On part du postulat qu’un médecin travaille comme il faut et qu’il ne prescrit pas des choses qui ne servent à rien”. 

Et voici la description du Dr Eggimann : “C’est un compromis helvétique qu’il faut interpréter dans le cadre de cette relation médecin-patient qui est privilégiée par l’ensemble des partenaires. L’exception faite pour les médecines complémentaires est d’ailleurs à relativiser.” Il poursuit : “L’efficacité est un principe inscrit dans la loi mais je pense qu’on est très loin, dans toutes les prestations financées par l’assurance maladie, d’avoir des critères d’efficacité fermes. Beaucoup de ce qu’on fait est basé sur des évidences scientifiques molles, comme un simple consensus d’expert.” 

Cette phrase résonne en moi depuis que je l’ai lue : dans le domaine thérapeutique, hautement complexe et spécialisé, le consensus se réduit parfois à une poignée d’experts. C’est la vie du clinicien : on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a et les études scientifiques à grande échelle ont tendance à passer au second plan face au patient dans toute son individualité et son unicité.

Un dernier mot au sujet des coûts occasionnés : Santésuisse (l’organisation faîtière des assureurs maladie) conclut dans un rapport de 2019 que “les prestataires de médecine complémentaire occasionnent, par patient, des coûts de traitement supérieurs de 22 % à ceux de leurs collègues pratiquant la médecine conventionnelle”.

Et j’entends déjà des voix qui crient au scandale car Santésuisse, c’est le “lobby” des assurances maladies, alors bien entendu, ces chiffres doivent être catastrophiques, pour ne pas dire gonflés. Dans tous les cas, une autre étude sortira bien un beau jour avec d’autres chiffres moins alarmants et positifs. Et il suffira que cette étude ait été pilotée par un quelconque lobby de médecines douces pour que ce soit aussi un scandale.

Conclusion sur l'assurance de base

Que faut-il penser de cette reconnaissance ?

Pendant un temps, je considérais cette décision comme de la pure bureaucratie helvétique : le peuple a plébiscité ces approches, il faut trouver une pirouette juridique pour les intégrer. Mais en réalité, ce qu’il faut comprendre c’est qu’il s’agit d’une décision politique, sociale et non scientifique. C’est un point de vue difficile à accepter quand on passe son temps dans un laboratoire à faire de la recherche pour démontrer l’efficacité d’un traitement et que l’on se bat pour être reconnu alors que d’autres pratiques passent devant. C’est qu’il y a une vie en dehors du laboratoire. Différents partenaires entrent en ligne de compte : les soignants, les patients, les sociétés phytopharmaceutiques, les centres de formations, les labels … c’est tout un pan de l’économie qui est touché. 

Toujours est-il que je comprends l’énervement des plus sceptiques qui doivent participer au financement de ces approches lorsqu’ils paient leur primes d’assurance. Encore une fois, il s’agit d’un débat de société, pas de science. En parallèle à cette capsule, vous trouverez sur le site de Psybay un article avec quelques réflexions intéressantes données par la juriste de Pro Mente Sana qui clarifie bien cette différence.

Sortons maintenant de la couverture d’assurance obligatoire pour nous tourner vers les assurances complémentaires, facultatives. Là c’est un peu plus folklorique.

Assurances complémentaires

Les assurances complémentaires, c’est du business. On n’est plus dans le social comme avec l’assurance de base. Les assureurs ont donc tout intérêt à être généreux et peu restrictifs dans la palette des thérapies et des thérapeutes reconnus: ça fait venir les clients.

Notez que l’on sort ici du domaine médical proprement dit. Il s’agit ici de thérapeutes non médecins. 

Historiquement, deux labels de qualité sont légitimes pour transmettre aux assureurs maladie la liste des thérapeutes reconnus : la fondation ASCA, plutôt francophone et le RME pour Registre des Médecines Empiriques plutôt germanophone. 

Leur but initial partait d’une bonne intention : s’assurer que les thérapeutes ont suivi une formation initiale uniforme. C’est ce qu'elles ont fait. Il y a d’abord un tronc commun de trois branches obligatoires : anatomie, physiologie, pathologie qui représentent 150 heures de formation. Certains centres de formation confient cet enseignement à des médecins, ce qui est plutôt bon signe. Aucun prérequis n’est nécessaire pour démarrer cette formation et ensuite vous vous orientez vers la spécialisation de votre choix. 

Près de 200 approches sont répertoriées par ces labels mais pas toutes ne sont reconnues par les assurances. Chaque assureur établit librement les approches qu’il souhaite inclure dans son catalogue. Le critère principal reste la popularité avec les plus connues que sont l’ostéopathie, les massages, la réflexothérapie, l’acupuncture. 

Histoire d’harmoniser encore plus ces reconnaissances et de gagner en légitimité, le gouvernement suisse a décidé de faire des thérapeutes complémentaires une profession à part entière, avec des critères de formations officielles et non plus décidées par des fondations privées. À nouveau, l’idée est légitime. C’est que, au fur et à mesure des années, le nombre d’approches reconnues par ces deux fondations privées ayant fortement augmenté, il fallait faire un peu le ménage et y mettre des gardes fous. Ces deux labels ont en effet créé un appel d’air à toutes sortes de thérapies dont les modes d’usages sont parfois très obscurs.

Le nouveau diplôme fédéral

Voyons donc comment s’est mis en place ce diplôme fédéral.

C’est le Secrétariat d’État à la Formation, la Recherche et l’Innovation, le SEFRI qui s’est chargé de mener à bien ce projet. Et c’est un premier point qui surprend. En Suisse, les professions de santé telles que les médecins, psychothérapeutes, soins infirmiers ou physiothérapeutes sont sous l’autorité de l’Office Fédéral de la Santé Publique, l’OFSP. Mais ce n’est pas le cas pour les thérapies complémentaires. J’y reviendrai en fin de séquence. 

Le SEFRI a délégué à l’Organisation du Travail, l’OrTra, la mise en place de la réglementation. Mais vous me direz : que deviennent l’ASCA et le RME ? Elles n’ont plus de légitimité puisque dorénavant c’est l’administration fédérale qui se charge de délivrer les diplômes. Il y a eu une levée de bouclier en 2014, demandant aux autorités de tenir compte de leur expérience afin d’éviter d’être mises hors circuit. Donc, nouveau compromis helvétique : on garde l’ASCA et le RME. Elles restent compétentes pour délivrer le diplôme pour la formation initiale : Anatomie, Physiologie et Pathologie. Actuellement, en tout cas en 2025, on est entre deux : les labels ASCA et RME sont toujours reconnus par les assurances tout comme le diplôme fédéral mais j’imagine qu'avec le temps, seul le diplôme fédéral restera légitime.

Revenons sur l’organisation du travail, l’OrTra qui délivre les diplômes. Il est divisé en 4 sections, en fonction des approches. Chaque section reconnaît déjà un certain nombre de thérapies. D’autres sont en cours d’accréditation.

OrTra MA

L'Organisation du Travail en Médecine Alternative

Elle délivre le Diplôme fédéral de Naturopathe en : 

 - Médecine ayurvédique
 - Homéopathie
 - Médecine traditionnelle chinoise
 - Médecine naturelle traditionnelle européenne 

À noter ici la possibilité donnée aux naturopathes de poser un diagnostic médical, ce qui a étonné les médecins à qui j’ai évoqué cette nouveauté. Et c’est d'autant plus étonnant vis à vis des psychothérapeutes qui peinent à faire reconnaître leur propre diagnostic alors qu’ils ont une formation et une expérience clinique bien plus conséquente. Non je ne sais pas ce qu’est un diagnostic médical établi par un naturopathe et surtout en quoi il remplace ou complète un diagnostic établi par un médecin ou un autre profession de santé. Je me suis également renseigné sur la portée légale du terme diagnostic médical mais je n’ai a ce jour pas eu de réponse claire.

OrTra TC

Organisation du Travail en Thérapies Complémentaires

Elle donne droit au diplôme fédéral de Thérapeute Complémentaire en : Kinésiologie, Shiatsu, Thérapie crânio-sacrale, Réflexothérapie entre autres.

C’est la partie la plus populaire et convoitée et je crains une chose avec ce diplôme : Le but du fédéral était de limiter les approches pour faire le ménage mais puisqu’il s’agit d’une procédure administrative pour être reconnu, de plus en plus d’approches font les démarches et sont reconnues. Le risque est de se retrouver avec une multitude d’approches qui vont revendiquer une certaine particularité alors qu’en général elles font globalement la même chose : Activer les forces de guérison par une prise en charge globale en étant vraiment à l’écoute du patient. Retrouver l’harmonie et l’équilibre. Favoriser la compréhension et l’écoute de soi et développer une bonne hygiène de vie.. 

Multiplier les appellations thérapeutiques, parfois déposées sous brevet provoque la confusion chez les patients qui se retrouvent face à une multitude de choix. Et en face, les thérapeutes donnent l’impression de se livrer à une guerre commerciale. C’est à qui écoute vraiment les patients, à qui va vraiment aller chercher la source du mal. Le marketing dans les thérapies complémentaires est un fléau. Mais c’est un autre sujet.

OrTra MM

Je passe brièvement sur l’OrTra MM pour Masseurs Médicaux.

Notez qu’il ne s’agit ni d’ostéopathie, ni de physiothérapie qui ont leur organisation, critères de formation et reconnaissance propres. N’ayant pas de formation en technique manuelle, je laisse aux personnes du domaine se faire un avis sur les différences qu’il y a entre ces approches. Je suis quant à moi réservé sur l’intérêt de créer une nouvelle profession manuelle parmi toutes celles déjà existantes, un peu comme l’OrTra TC.

ARTECURA

Et enfin l’ARTECURA, les Thérapies à médiation artistiques qui délivrent le Diplôme fédéral en : 

 - Musicothérapie 
 - Thérapie par la danse et le mouvement
 - Thérapie par le drame et la parole
 - Thérapie à médiation plastique et visuelle
 - Thérapie intermédiale, une méthode qui utilise diverses formes d’expression artistique (thérapie intermédiale ou intermodale).

Là aussi on a l’impression d’avoir affaire à des doublons d’approches. Il faut croire que les différentes associations professionnelles existantes à qui on a demandé de déposer un dossier ont préféré protéger leur pré carré plutôt que de travailler à une œuvre commune. Derrière la bienveillance affichée, c’est la guerre déclarée.

Conclusion

Que penser de ce nouveau diplôme fédéral ? Malgré une volonté initiale légitime, de nombreuses lacunes sont à relever.

D’une part, la profession n’est toujours pas protégée. Naturopathes, kinésiologues sont des titres que vous pouvez toujours obtenir par des écoles privées qui ne sont reconnues que par elles-mêmes.

Autre lacune : il s’agit de professions à part entière. Comme on l’a vu avant, l'autorité suprême de ce diplôme fédéral, c’est le SEFRI et non l’OFSP. Et de mes discussions avec différents groupes de professionnels, médecins et psychothérapeutes notamment, très peu sont au courant de l’existence de ce nouveau diplôme. Par conséquent, cette initiative maintient le clivage entre les approches thérapeutiques. On se retrouve avec de nombreux professionnels aux titres ronflants très officiels sans se demander qui fait quoi et s’il est possible de regrouper des techniques similaires.

Un dernier point qui me semble capital est qu’il est toujours possible, malgré ce nouveau diplôme, de mener des thérapies sous sa propre responsabilité sans avoir d’expérience en institution. Je vous parle ici en tant que psychologue : je n’ai que peu d'expérience en clinique, c'est-à-dire au contact des patients. J’ai fait mes classes comme on dit. 4 ans. 1 an dans un hôpital universitaire, 2 ans dans au service de la jeunesse et 1 an en privé. À mon avis, c’est un passage nécessaire. Et même 3 ans en institution me semblent trop peu avant de se mettre en privé. Le travail en équipe, pluridisciplinaire, la possibilité d’échanger, d’être conseillé, de ne pas travailler seul. Travailler avec des médecins, des logopédistes, des physiothérapeutes, des psychomotriciennes… Les colloques cliniques, les supervisions, les intervisions, me semblent être un passage obligatoire avant de se lancer sous sa propre responsabilité. Ça permet de se rendre compte de ses limites et de comprendre aussi le travail des autres professionnels de santé. 

Se former en outils thérapeutiques, quelle que soit la longueur de la formation, n’implique pas de savoir mener une thérapie - le terme est lourd de sens. Les bonnes intentions de soigner ne font pas la thérapie. C’est le mythe du guérisseur blessé. Je comprends cet élan à s’ouvrir vers l’autre pour aider, lorsque l’on a passé par un chemin difficile mais à mon sens, un stage clinique est absolument nécessaire car il permet de réaliser à quel point le processus de soin est complexe et ne se réduit pas aux bonnes intentions.

Si la médecine classique a tout intérêt à mieux comprendre les thérapies complémentaires, les thérapies complémentaires doivent également connaître les impératifs du parcours classique, et ça passe par une expérience clinique en milieu institutionnel. Avec cette nouvelle reconnaissance, toute critique est balayée car ces approches ont désormais leur légitimité. Les remettre en question offusque. Si vous critiquez, alors vous êtes forcément contre ces approches. Au final, ce qui change vraiment avec ce nouveau diplôme fédéral, c’est le compte sur lequel vous versez vos cotisations. Avant, c'était sur un compte privé, maintenant c’est sur le compte de l’administration fédérale. Les approches, les formations et les conditions de pratiques sont reprises telles quelles, mais maintenant c’est officiel ! 

Merci de m’avoir écouté jusqu’ici ! Et si vous êtes professionnel de santé en Suisse, sachez que le centre Psybay propose des formations continues accréditées, enregistrées et disponibles en permanence. Vous pouvez vous inscrire en tout temps et les suivre à votre rythme. Vous trouverez toutes les informations sur le site web de la plateforme de formation pour tout savoir sur ces sujets passionnants !


Références

Bize R. et al. Médecines complémentaires dans le canton de Vaud: Recours et offres actuels, principaux enjeux sanitaires et possibilités de réglementation. Lausanne, Institut universitaire de médecine sociale et préventive, 2016 (Raisons de santé 254). 


Info Santé Suisse, 6, 2018. Coûteuse médecine complémentaire


Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) Médecine complémentaire : nouvelles règles de remboursement. Communiqué de presse du 16 juin 2017. 

Rapport du Conseil d’État au Grand-Conseil sur le postulat Christa Calpini et consorts pour un centre de médecines complémentaires en phase avec les besoins des patients du CHUV, N°366, Canton de Vaud, Avril 2017. 

Registre des Médecines Empiriques (RME) Enquête “Baromètre CAM” 

Witt et al. (2020) What is offered and treated by non-medical complementary therapists in Switzerland: Results from a national web survey. European Journal of Integrative Medicine, Volume 36, June 2020, 101109.
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